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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 12:47

Après le luxe (tout de même très accessible ici) de nos derniers logements à Bali et Bangkok, nous retombons dans la catégorie « petits budgets » en arrivant à Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande : nous dénichons, dans une petite guesthouse familiale, 2 chambres pour le prix total de 490 baths (490 BEF ou 12 euros). Basique, mais claire et propre, cela suffira…

A peine installés dans nos chambres, nous filons au Sunday Night Market, où l’on mange très bien pour une vingtaine de baths. Pendant que je découvre l’artisanat local (textiles tissés ou brodés, bijoux en argent ou sculptures sur bois essentiellement), Bruno et les enfants décident de se faire masser les pieds dans le salon de massage en plein air : une quinzaine de fauteuils l’un à côté de l’autre dans lesquels sont installés locaux et touristes, livrés chacun à une masseuse. Pour les enfants, qui ont du mal à se retenir de rire, il s’agit plutôt d’une séance chatouille. Par contre, Bruno se fait douloureusement croquer les orteils… Quelques mètres plus loin, une femme est couchée, elle a l’air de pleurer. Il me faut quelques minutes pour réaliser qu’une masseuse lui tord le bras. Je ne sais pas si c’est de douleur qu’elle grimace ou si c’est un effet catharsis du massage thaïlandais, mais ça ne me donne pas vraiment envie de tenter l’expérience…

Chiang Mai est une ville respirable, plutôt sympathique et l’on y retrouve la gaieté et le rire des autochtones, qui nous fait du bien après Bangkok. Mais l’intérêt de la ville réside surtout dans le fait qu’elle constitue le point de départ idéal pour un trek de quelques jours dans les montagnes. L’aventure nous tenterait bien, mais semble difficilement réalisable avec les enfants, sans compter son coût exorbitant pour nous 4 et le risque de malaria dans les montagnes. Côté excursions d’un jour, nous ne trouvons pas non plus notre bonheur : elles consistent toutes en un pack d’activités qu’on enchaîne les unes après les autres. Impossible d’éviter la balade à dos d’éléphants (que nous devrions faire au Laos), ni la « visite » des tribus des collines, qui ne nous tente absolument pas, en particulier celle des « Karen long necks », les femmes-girafes.

Nous sommes néanmoins curieux d’en apprendre un peu plus sur ces tribus dont nous avons vu l’artisanat au Night Market et allons visiter le Centre Culturel. Une première partie, plutôt ennuyeuse, est consacrée à l’histoire de Chiang Mai tandis que la seconde partie, plus vivante, nous montre la façon d’y vivre autrefois … pas si différente que celle d’aujourd’hui en fin de compte, lorsqu’on jette un coup d’œil dans certaines maisons ou qu'on observe l’activité des marchés, les petits métiers de rue... Pas grand-chose en revanche sur la vie dans les tribus montagnardes, nous restons sur notre faim… Nous apprenons par contre, dans le cadre d’un atelier qui y est proposé, à confectionner des lanternes en papier qui décorent les temples au moment des fêtes. Cette petite séance de bricolage ravit les enfants...

A défaut d’excursion, nous allons passer l’après-midi au bord du lac  de Huay Teung Thao, à une quinzaine de km de Chiang Mai. Beaucoup de familles thaïlandaises viennent y passer la journée. On s’installe sous une paillote sur pilotis, on peut y manger, y nager, y pêcher… L’endroit est plaisant, mais les bords du lac sont sales et nous préférons éviter la baignade, contrairement aux thaïs qui s’y ébattent tout habillés. Les enfants louent un pédalo et puisqu’à part ça, il n’y a pas grand-chose à faire et que nous avons oublié leurs cours à la guesthouse, Bruno leur donne une leçon d’anglais pendant que je termine mon bouquin.

Chiang Mai, ce sont aussi ses marchés, avec entr’autres, le Night Bazar où l’on trouve nos premiers stands d’insectes frits, cafards et larves. Mais aussi le marché du matin où l’on peut acheter une tête de porc entière pour le déjeuner, de la panse de bœuf, des pieds de porc ou des pattes de poulet,  ou du poisson tout frais qu’on découpe vivant devant vous . Ames sensibles s’abstenir, surtout à l’heure du petit déjeuner… On y assiste également à l’offrande des moines : ils sont quelques-uns à se promener dans leur tunique couleur safran. Des vendeuses proposent de petits sachets de nourriture et de boisson que les croyants achètent pour quelques baths et offrent aux moines en échange d’une prière…

Avant de rejoindre la gare routière pour quitter Chiang Mai, nous nous arrêtons dans une guesthouse, le Top North Hotel, à quelques pas de la nôtre, pour y déjeuner … et décidons d’y rester. Il y a une piscine, ce sera parfait pour s’y poser 2 jours de plus, avancer dans le tri des photos et faire travailler les enfants. A quelques mètres de là, il y a un petit restaurant qui propose une carte excellente autour de 60 baths l’assiette. Nous y retournerons tous les soirs pour goûter à ses excellents currys et ses soupes aux nouilles croustillantes…

Le 29/10, nous quittons cette fois Chiang Mai pour de bon. Quelques heures d’attente à la gare routière car nous n’avons rien réservé et les bus pour Chiang Rai sont pris d’assaut. Nous obtenons une place dans le bus de 15 heures, un 1ère classe muni de l’air conditionné,  et arrivons à Chiang Rai vers 18.30. Bruno part à la recherche d’une guesthouse et nous trouve 2 chambres à tout petit prix dans un hôtel fraîchement rénové, le Jansom House. Nous y rencontrons une sympathique famille marseillaise, en tour du monde pour 1 an, avec leurs filles de 12, 11 et 5 ans. Nous convenons de nous retrouver à Luang Prabang, au Laos.

A proximité du Night Market, nous tombons sur la « Star Académy » locale. Un podium où se succèdent des chanteurs accompagnés ou non de danseurs, devant un jury qui les évalue. Le spectacle est, de notre point de vue, plutôt insipide mais l’animatrice nous fait bien rire (par ses grimaces bien sûr puisque nous ne comprenons pas un mot de ce qu’elle raconte) et le public est enthousiaste. Derrière le jury, des dizaines de tables où l’on peut manger ce que proposent tous les stands qui ferment la place. Peu tentés par les crickets et sauterelles, nous nous rabattons sur des fritures plus conventionnelles, malheureusement peu savoureuses…

Le lendemain de notre arrivée, nous visitons le Hilltribe Museum, spécialement dédicacé aux tribus montagnardes. Un petit film en français nous présente les différents groupes ethniques, des Akhas aux Hmongs en passant par les Karen. Ce sont des peuples semi-nomades qui viennent du Tibet, de Chine, du Laos ou du Myanmar (ex-Birmanie) tout proche. Ils sont généralement animistes, ont leur propre langue, leur propre culture et leurs vêtements permet de les différencier. Les uns sont réputés pour la chasse, d’autres sont plutôt fermiers… Ces ethnies ont le niveau de vie le plus bas de Thaïlande. Il semble que beaucoup n’aient pas la nationalité thaïlandaise, ce qui les prive du droit à l’éducation, à la santé, au salaire minimal… mais le film ne dit évidemment rien à ce sujet. Le musée est malgré tout intéressant et nous apprenons pas mal de choses sur la culture, la religion et le mode de vie des ethnies.

Une initiative intéressante y est également proposée, offrant une alternative aux visites de « zoo humain », où les contacts entre touristes et habitants se résument à l’achat de souvenirs et à la prise de photo moyennant rétribution. En collaboration avec un village Akha, Lorcha, le PDA ( Population and Community Development Association) de Chiang Rai mène une expérience-pilote, un genre de musée vivant dont les revenus alimentent un fonds social. Le village est à 1 heure de route de Chiang Rai, nous décidons de nous y rendre le lendemain avec un chauffeur.

Nous louons donc une voiture avec chauffeur pour la journée. En plus du village de Lorcha, nous avons envie de nous balader dans les plantations de thé qui couvrent la montagne, mais notre chauffeur parle très mal l’anglais. Difficile de se faire comprendre… Il nous emmène d’abord voir un genre de temple, qui n’est dans aucun guide. Nous sommes heureusement surpris… C’est un bâtiment récent, tout noir et entièrement en bois. On dirait  une église norvégienne plutôt qu’un temple boudhiste. C’est l’œuvre d’un artiste contemporain, qui a apparemment voulu représenter l’enfer, en opposition avec le temple blanc, qui représente le paradis mais que n’aurons malheureusement pas l’occasion de visiter… A l’intérieur, le mobilier est somptueux. Une immense table qui doit faire une trentaine de mètres, des chaises, presque des trônes, toutes différentes, des objets délirants… Le bâtiment principal donne sur un parc dans lequel sont disséminés de plus petits temples, tous différents et aussi originaux les uns que les autres. Même les toilettes sont … surprenantes avec une collection de coquillages et de louches très … particulières. Dans une cage, deux pythons et une poule, leur futur déjeuner sans doute, cohabitent pour quelques heures. Mais c’est surtout un drôle d’oiseau qui amuse les enfants en les imitant…

Après la visite du temple noir, notre chauffeur, qui croit nous faire plaisir, nous emmène à l’entrée d’ un village où, après quelques échoppes d’artisanat, on nous demande 300 bath/personne pour le visiter. Mais ce n’est pas Lorcha, et nous tentons d’expliquer au guide que ce n’est pas ce que nous cherchons et que nous ne sommes pas intéressés non plus par les « long necks ». Il finit par comprendre et nous emmène au bon village. Nous payons 80 baths de droit d’entrée, comme annoncé au Hilltribe Museum et sommes accompagnés par un guide local qui ne parle malheureusement pas un mot d’anglais. Il y a heureusement des panneaux explicatifs tout le long de la visite, mais après le musée, ils ne nous apprennent plus grand-chose. Nous entrons dans le village en passant sous un porche en bambou, dont la fonction est d’empêcher les esprits malfaisants d’entrer dans le village, en marquant bien la limite entre le monde des esprits et celui des vivants. A côté du porche, deux statues en bois, un homme et une femme aux organes génitaux démesurés, visent également à éloigner les esprits qui exècrent la sexualité humaine. Nous avons l’occasion d’entrer dans une maison de bambou, très rudimentaire, composée de 2 pièces, une pour les femmes, avec un foyer pour la cuisine, et une pour les hommes, avec un foyer pour chauffer l’eau du thé. Hommes et femmes dorment séparément. Ce n’est pas une maison-témoin, elle est réellement habitée, mais pour ne pas indisposer la famille qui y habite, la maison visitée fait l’objet d’une tournante. Nous assistons également au tissage du coton, au travail du ferronnier et à une petite « danse de bienvenue ». Les danseuses sont vêtues du costume traditionnel et d’une coiffe ornée de perles et de pendentifs en argent. C’est assez artificiel puisque chaque « activité » prend fin dès que nous passons à la suivante, mais au moins, nous savons que ce genre de visite ne nuit pas à la communauté.

Après le village, nous continuons à grimper dans la montagne. Le chauffeur nous emmène devant un musée de l’opium (nous sommes au cœur du « triangle d’or », tristement célèbre pour le trafic d’opium aujourd’hui éradiqué, mais « no, we are not interested »), puis à Mae Salong. Ce village de montagne, habité par un grand nombre de chinois et fréquenté par les ethnies montagnardes, a l’air bien pittoresque. Nous y flânerions bien, mais il est déjà tard et n’avons que le temps d’y déjeuner. L’après-midi est déjà bien entamée lorsque nous le quittons. Nous aimerions nous balader dans les environs mais il y a un malentendu avec le chauffeur, qui nous amène du côté de la frontière birmane. La route est longue, je somnole et nous arrivons finalement à Mae Sai, à la frontière. La ville n’a rien de plaisant, ce n’est qu’un grand marché. Des tuks-tuks font la file pour passer en Birmanie, ce sont des travailleurs journaliers qui rentrent chez eux, nous dit notre chauffeur. Nous nous approchons du poste-frontière ; aussitôt, un douanier s’approche. Nous rappelons aux enfants l’interdiction de prendre des photos, nous n’avons pas trop envie de nous faire remarquer ici…

Nous rentrons tard de cette journée, épuisés, avec l’impression d’avoir passé un peu trop de temps en voiture…

Le lendemain, nous quittons Chiang Rai, direction le Laos. Nous empruntons cette fois un bus public, sans airco, mais muni de ventilateurs fixés au plafond … qui ne fonctionnent pas. Ce n’est pas grave, nous voyageons toutes fenêtres et portes ouvertes, courants d’air assurés…

Nous arrivons à Chiang Khong, dernière étape avant le Laos, après 2 heures de route. Un bon km à traîner nos valises nous sépare du poste-frontière, au bord du Mékong. Il nous faut d’abord passer par le bureau d’émigration thaïlandais pour faire apposer un tampon de sortie du territoire dans notre passeport, avant de monter à bord d’une pirogue qui nous amène de l’autre côté du fleuve, à Huay Xai, au Laos.  Huit formulaires à remplir et 140 USD à remettre à une employée aussi fermée qu’une huître, en échange de nos précieux visas valables un mois. Enfin, nous ne nous sommes pas fait rackettés au passage, c’est déjà ça…

Fatigués et fourbus, nous optons pour la première guesthouse venue. Sombre, sale, moite et chère pour ce que c’est… Nous n’y passerons heureusement qu’une nuit… Nous achetons nos billets pour le slow-boat du lendemain, un bateau qui, au fil du Mékong, va nous amener en 2 jours à Luang Prabang.

 

 

 

 

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