Voici tout juste un mois que nous sommes rentrés… La vie a très vite repris son cours : à peine débarqués de l’avion, Bruno se rendait chez ses clients ; nous nous remettions à courir pour régler les inscriptions scolaires et académiques, les rendez-vous chez le médecin, dentiste, garage,… ; je reprenais le boulot, et les enfants la musique et l’école. Ils étaient excités à l’idée d’y retourner et de revoir leurs copains et n’ont eu aucune peine à retrouver le rythme scolaire.
Petit retour en arrière avant de revenir au bilan : bien que ce voyage nous trottait en tête depuis de longues années, le passage du cap entre le rêve et la mise en route de sa réalisation n’a pas été des plus faciles, pour moi en tout cas. Vu ma grande capacité à imaginer les catastrophes avant même qu’elles ne surviennent, j’ai passé quelques nuits blanches à passer en revue tout ce qui pouvait arriver ici pendant notre absence, et sur place également : cambriolage de la maison, maladie de l’un de nous ou d’un proche, vol de notre argent, de nos passeports, de notre ordi, arnaques en tout genre, difficulté de trouver un logement sans réservation, risque pour les enfants de « le payer » au niveau scolaire… Bref, tout y est passé, et j’ai heureusement pu compter sur Bruno pour calmer mes angoisses lorsque je le réveillais en pleine nuit pour lui en faire part…Mais j’étais également déterminée à ne pas passer à côté de ce rêve et ce n’est pas par hasard que sur notre blog figure la citation « La vie s’arrête lorsque la peur de l’inconnu est plus forte que l’élan » (H. Aggoune). Elle reflète parfaitement l’état d’esprit dans lequel j’étais et me boostait quand j’en avais besoin.
Nous sommes donc partis, et revenus sans regrets. Rien de tout ce que j’appréhendais n’est arrivé. A part la morsure de Thibault par un singe au Cambodge, que nous avons pu gérer sereinement grâce au vaccin anti-rabique qu’il avait reçu avant le départ, et une petite commotion sans conséquences qu’il a eue en Thaïlande, nous n’avons souffert d’aucun ennui de santé. Pas de vol non plus (au contraire, en Asie, notre cadet a plusieurs fois laissé derrière lui son appareil photo ou sa pochette, il les a toujours récupérés), pas d’extorsions abusives de la part des fonctionnaires asiatiques ou sénégalais dont nous avons croisé le chemin (mis à part, dans une mesure raisonnable, ceux de la frontière terrestre Laos-Cambodge), pas d’arnaques. Nous avons vécu un tremblement de terre à Bali, des inondations à Bangkok et une manifestation sanglante au Sénégal, mais nous avons finalement eu plus de peur que de mal. Nous avons toujours trouvé de quoi nous loger à petit prix, sans réservations préalables. Même le Sénégal, qui nous semblait plus voué au tourisme de masse qu’aux voyages en « routards » nous a agréablement surpris. Nous avons retrouvé nos proches en pleine santé et la maison n’a pas souffert de notre absence. Quant aux enfants, ils n’accusent, jusqu’ici, aucun retard par rapport à leurs condisciples. L’école en voyage leur a manifestement bien réussi !
Nous avons voyagé sans dépenses excessives, nous contentant souvent de peu. Mais nous nous sommes offert le luxe d’avoir le temps devant nous, appréciant d’avoir un minimum de contraintes en matière de réservation, qu’il s’agisse de logements ou de transports. Plusieurs fois, nous avons ainsi pu changer nos plans pour nous adapter à notre envie du moment, à notre fatigue passagère, à notre désir de nous poser quelque part. Nous avions limité le nombre de pays à voir et nous en sommes réjouis, nous aurions même pu prolonger notre séjour dans certains endroits…
Nous avons à présent la tête pleine d’images : des fonds marins extraordinaires et des rizières luxuriantes ; des temples somptueux et de magnifiques cascades ; des tortues qui nagent et des gibbons qui chantent ; des éléphants qui chargent et d’autres qui se baignent ; des nuages de chauve-souris et des milliers de pélicans ; une crémation en Asie et une fête en Afrique ; des bains dans le Mékong et dans les vagues de l’océan ; des retrouvailles joyeuses à l’autre bout du monde ; des tuks-tuks bigarrés et des bus en bout de course ; la descente du Mékong et du fleuve Casamance ; des marchés odorants et des insectes frits ; des moniales en blanc et des Noires en boubou ; des enfants qui fument et d’autres qui travaillent ; des semaines sans eau chaude et des nuits sans lumière ; des histoires douloureuses ou touchantes ; des gens qui se battent pour faire bouger les choses ; des sourires et des bonjours dans toutes les campagnes ; des rencontres inoubliables, fugaces ou durables…Souvenirs partagés que nous entretiendrons soigneusement grâce aux articles de ce blog et aux multiples photos qu’il me reste à trier…
Mais le plus beau bénéfice de ce voyage est sans doute de l’avoir vécu en famille. Vivre ensemble 24h/24, partager un espace souvent confiné ne nous a pas paru pesant, bien au contraire, nous en appréciions l’intimité. Même les cours aux enfants furent une expérience intéressante.
Nous avons aimé leur ouvrir les yeux sur les conditions de vie souvent difficiles des pays que nous traversions, susciter la réflexion sur les différentes religions, sur l’importance (et le poids) des valeurs familiales et traditionnelles rencontrées. Ils ont découvert l’hospitalité et la joie de vivre de celui qui n’a rien. Ils ont joué avec des enfants balinais, laotiens, cambodgiens et fréquenté l’école des petits Sénégalais. Ils ont, petit à petit, dépassé leur peur d’aller vers l’autre, même quand il ne parle pas la même langue. Ils se sont bien accommodé des conditions de voyage parfois difficiles.
Et maintenant, qu’en reste-t-il ?
Bruno a, plus que jamais, l’envie de s’immerger, quelques mois par an (de préférence en hiver, je crois…), dans d’autres ambiances, d’autres cultures, de se frotter à d’autres modes de vie, d’autres systèmes de valeurs ; et si possible en développant localement de petits projets « équitables » dans la mesure de nos moyens. Dans un premier temps nous soutiendrons le jeune garçon sénégalais auquel nous nous sommes attachés.
Personnellement, je n’en suis pas encore là, mais il est clair que ce genre de voyage ne sera pas, si tout va bien, le dernier. J’espère bien pouvoir, dans quelques années, en couple ou en famille, partir à la découverte de l’Amérique du Sud que nous ne connaissons pas encore. Il me reste huit mois de crédit-temps à épuiser…
Damien, lui, rêve de découvrir le monde en voilier. Pour allier le plaisir de voyager et celui de naviguer. Il fera son second stage de voile cet été.
Quant à Thibault, même s’il a aimé le voyage, et particulièrement le Sénégal, il a encore un peu de mal à se projeter dans l’avenir. On en reparlera plus tard…
Et voilà où nous en sommes… Avant de déposer définitivement la plume, je tiens à remercier une fois de plus ma grande sœur pour son appui logistique dont nous n’aurions pas pu nous passer ; ainsi que tous ceux et celles qui nous ont suivis à travers ce blog. Ce fût un réel plaisir de partager nos impressions et j’espère pouvoir réécrire un jour la suite de nos aventures…
A bientôt !
Claire, Bruno, Damien et Thibault