Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 décembre 2011 7 25 /12 /décembre /2011 08:53

Nous sommes donc à Phnom Penh le 2/12, un jour avant Pierrot. En attendant son arrivée, nous partons à la découverte de la capitale cambodgienne : le quai Sisowath et son agréable « promenade » le long du fleuve ; le quartier aéré de l’universit ; le temple Vat Phnom, où l’on peut acheter un moineau pour lui rendre la liberté en faisant un voeu, avant qu’il ne retourne de lui-même dans sa cage ; les maisons coloniales, autrefois magnifiques mais complètement abandonnées aujourd’hui… On réalise à quel point Phnom Penh a dû être belle dans le passé… Mais Phnon Penh, c’est aussi une grande ville asiatique, avec une circulation délirante, tuk-tuk, motos et voitures circulant à contre-sens sans se soucier des piétons. Traverser une rue met les nerfs à rude épreuve, et que dire d’un boulevard… Nous terminons la journée avec les Marseillais en tour du monde, avant de retrouver Pierrot, qui nous rejoint à l'Europa Guesthouse après une vingtaine d’heures de vol et une bonne demi-heure de tuk-tuk dont il profite pleinement.

La journée du lendemain démarre fort pour lui car Bruno nous entraîne, à peine levés, au marché. A côté des habituels poissons-chats qui agonisent sur une natte, un étal attire notre attention : des grenouilles, sans tête et sans peau, continuent à sauter, elles semblent encore respirer…. Pour un premier contact avec l’Asie, il est servi… Mais les odeurs âcres de poisson séché à l’heure du petit déjeuner deviennent vite incommodantes et nous quittons le marché pour nous rendre dans le quartier du Palais Royal, avant de nous consacrer à la visite de Tuol Sleng, une ancienne école qui, sous le régime de Pol Pot, a été transformée en centre de détention et de torture, baptisé S-21. Devenu musée aujourd’hui, c’est un témoignage bouleversant des atrocités commises par les Khmers Rouges. Les murs sont tapissés de milliers de photos d’identité, celles des prisonniers (y compris femmes et enfants), tous exécutés par la suite, que les KR prenaient systématiquement à leur arrivée au camp. Les regards en disent long et la visite est éprouvante. Nous ne regrettons pas l’absence des enfants restés à l’hôtel pour travailler. 

La suite du programme est heureusement plus réjouissante puisque nous partons vers le sud dès le lendemain, direction Kampot, où nous avons loué une maison khmère aux « Manguiers », un magnifique domaine idéalement situé au bord d’une rivière ; puis Kep, sur la côte. Au menu « activités » :

Pl    - plongeons et baignade dans la rivière : Pierrot invente de nouveaux jeux, les enfants sont ravis… ;

Dé    - dégustation, confortablement installés sur notre terrasse, crickets et geckos en fond sonore, de l’excellente bouteille qu’il nous a ramenée. Deux mois que nous n’avons plus bu de vin, on apprécie le geste à sa juste valeur… ;

Ex    - expédition en pirogue, à la nuit tombée, pour voir le scintillement des lucioles dans les arbres : on dirait des guirlandes clignotant dans un sapin de Noël ;

C      - cylisme à Kampot, petite ville au passé colonial, dont on se dit qu’il ne faudrait pas grand-chose pour qu’elle retrouve son charme d’autrefois ;

Ka     - kayak dans la « Green Cathedral », le Marais Poitevin du Cambodge : il faut trouver son chemin dans les méandres de la mangrove, passer sous des tunnels végétaux. Pas un bruit, à part celui des oiseaux. Nous revenons au crépuscule, éclairés par la pleine lune. Quel beau moment !

Ra     - randonnée dans le Parc National de Kep, aux confins de la jungle, à l’affût des écureuils ;

-                -  balade le long de la « promenade » de Kep, d’où l’on peut voir quelques vestiges de villas  des années 50, tristement abandonnées par leurs habitants à l’arrivée des Khmers Rouges. Les impacts des balles dans les murs témoignent de ce qui s’y est passé, il nous est recommandé de ne pas nous aventurer dans les jardins à cause des mines qui peuvent encore s’y trouver…

Et pour couronner le tout, Pierrot nous offre un festin de crabes au Kimly, une institution à Kep. Cinq crabes par personne, trois préparations différentes, dont celle au fameux poivre vert de Kampot, le meilleur du monde paraît-il. Pendant que nous nous régalons, les bateaux de pêche reviennent. Les paniers de crabe sont amarrés à quelques mètres de la terrasse qui surplombe la mer, les crustacés attendent leur heure dans leur environnement, on ne peut rêver plus frais…

Mais une semaine, c’est vite passé, et tandis que Pierrot prend un taxi pour rejoindre l’aéroport de Phnom Penh, nous passons une nouvelle journée de bus pour remonter dans le nord-ouest, vers Battambang. Nous avons en effet décidé d’écourter notre séjour dans le sud pour quitter plus rapidement le Cambodge et terminer la première partie de ce voyage par des « vacances ». Car faire et défaire ses valises tous les trois jours en moyenne pendant près de trois mois, emprunter des bus, souvent inconfortables, comme principal moyen de transport, gérer déplacements et logements au jour le jour et donner cours aux enfants n’a rien de reposant … Une certaine lassitude s’installe aussi, et je commence à ne plus voir le sourire des Cambodgiens derrière la misère et la saleté de certains endroits. Côté nourriture, c’est pareil, les enfants et moi nous mettons à loucher vers les menus occidentaux, seul Bruno résiste encore... En bref, nous rêvons de plages de sable, de mer et de farniente… Il est temps de changer d’air, mais pas avant de faire du bamboo train à Battambang, de rejoindre Siem Reap par bateau et de voir les temples d’Angkor bien entendu.

Le bamboo train fait partie de ces expériences appelées à disparaître au Cambodge, au nom de la modernisation. Il n’y a d’ailleurs pratiquement plus qu’à Battambang qu’on peut encore l’emprunter. Un bamboo train est un plateau de 6 m2 environ, couvert de fines lattes de bambou sur lesquelles on s’assied, posé sur deux essieux et muni d’un moteur de 6 CV. Circulant sur une voie unique, il peut atteindre une vitesse de croisière de 25 km/heure. Ca semble peu, mais on a l’impression de filer sur les rails tortueux, dans un bruit de claquement métallique ! Lorsqu’un autre bamboo train arrive en face, le plus chargé a la priorité. Les passagers du moins chargé descendent, les conducteurs démontent plateau et essieux et les posent sur le côté avant de les remonter, une fois passé le train prioritaire. C’est rigolo, le parcours est bucolique à souhait et comme nous sommes 7 avec le chauffeur, nous avons souvent la priorité, ce qui est plutôt reposant…

A Battambang, nous faisons également la connaissance de Sam, un jeune Khmer qui a grandi en France et s’est installé au Cambodge il y a quelques années pour y ouvrir une maison d’hôtes. Il parle  le langage de sa génération et les enfants l’adoptent immédiatement. A moto (Sam et les enfants) et en tuk-tuk (Bruno et moi), nous sillonnons la campagne des environs. En une matinée, nous apprenons tout sur la fabrication de la pâte de poissons, indispensable dans la préparation de nombreux mets khmers ; celle d’un bateau de pêche, de bâtons d’encens et du barbecue de cuisine en terre cuite. Nous savons le rôle de la feuille de bétel et de la noix d’arec dans le « dentifrice cambodgien »; et même la pâte de riz, base des rouleaux de printemps, n’a plus de secrets pour nous. Rien ne se perd dans le riz : la « tige de l’épi » nourrit les bœufs, l’enveloppe du grain (le son) sert de combustible et c’est avec le « riz cassé », qui ne fera pas un beau grain, qu’on fait la pâte de riz. Un bel exemple d’agriculture intégrée… Nous terminons la journée par un cours de cuisine chez Nary’s Kitchen, que Thibault nous a promis de raconter dans un prochain article. Au menu : rouleaux de printemps – fish amok – curry vert de poulet.

Le 12/12, nous prenons le bateau pour Siem Reap. L’embarcation est étroite, les sièges sont en bois et le bruit du moteur est infernal. Au bout d’une demi-heure, tout le monde se retrouve sur le toit, au milieu des bagages. C’est nettement plus confortable, même si on finit par y cuire… Le Lonely Planet décrit le trajet comme le plus beau du Cambodge, et en effet, nous ne sommes pas déçus. Après un début peu emballant, la rivière s’élargit. Ce n’est bientôt plus qu’une vaste étendue d’eau, ponctuée de verdure. A certains endroits, la végétation forme un étroit couloir que le bateau emprunte. Les petites barques que l’on croise doivent s’écarter dans la mangrove pour céder le passage. Beaucoup d’oiseaux habitent le marécage, c’est le paradis des ornithologues. Ici et là, nous rencontrons des villages flottants, habités par des Vietnamiens d’après ce qu’on nous en a dit. Ces villages ont leurs épiceries, leur école, leur temple et … leur karaoké et leurs antennes satellites. Leurs chiens, leurs cochons et leur basse-cour. Chaque famille a sa barque puisque le moindre déplacement se fait sur l’eau. Elles vivent essentiellement de la pêche et font sécher le poisson sur le toit de leurs bicoques. En arrivant à Siem Reap, la rivière se jette dans le Tonlé Sap, le plus grand lac d’Asie du Sud-Est. Il est tellement large qu’on a l’impression de naviguer en mer…

Nous passons 5 jours à Siem Reap, dont les trois premiers à nous reposer avant de nous « attaquer » aux temples d’Angkor. Nous logeons au « Shadow of Angkor 1 », une jolie guesthouse avec une large terrasse donnant à la fois sur notre chambre et sur la rivière. L’endroit est aéré, c’est parfait pour l’étude des enfants. Nous visitons une ferme séricicole, où tout nous est expliqué, depuis l’élevage et le nourrissage des vers jusqu’au tissage de la soie, et où Bruno ne peut résister à l’envie de croquer une larve, à l’arrière-goût de cacahuète d’après lui ; De retour en ville, Bruno et Thibault se font enlever les peaux mortes des pieds par des centaines de petits poissons voraces qui attendent leur déjeuner dans des aquariums géants ; en ce qui me concerne, ils devront se contenter de ma main, sensations garanties... Et nous retrouvons une dernière fois  la famille en tour du monde, rencontrée à 4 reprises entre la Thaïlande et le Cambodge. C’est toujours un plaisir d’échanger autour de nos vécus respectifs…

Et puis bien sûr, nous visitons Angkor, ou du moins, une toute petite partie de ses temples puisque ceux-ci se comptent par dizaines. Une première journée est consacrée à Angkor Vat, le plus majestueux et tellement harmonieux ; au Banteay Kdei, avec sa multitude de portes et de couloirs concentriques ; au Ta Prohm, dont les pierres sont inexorablement mêlées aux racines des fromagers ; et au Bayon, aux 216 visages énigmatiques regardant dans toutes les directions. Malgré la chaleur et la longueur de la journée, les enfants apprécient les visites et y trouvent leur compte : à Angkor Vat, les bas-reliefs représentant des batailles, des scènes de lutte entre le bien et le mal et des dieux hindoux les captivent. Les autres temples se prêtent à merveille aux parties de cache-cache…

Le lendemain, nous partons en tuk-tuk vers le Beng Mealea, situé à une bonne heure de route de Siem Reap. Comme le Ta Prohm, il est envahi par la végétation, la jungle y a repris ses droits. Mais au Ta Prohm, des cars entiers se déversent régulièrement et chaque touriste fait la file pour se faire photographier (chacun à son tour, même pas en groupe…) devant chaque pierre, devant chaque arbre. Prendre une photo d’un endroit « déserté» relève presque de la mission impossible et c’est à la limite du supportable. Au Beng Mealea par contre, nous sommes presque seuls et nous nous plaisons à nous mettre dans la peau des explorateurs qui ont découvert le site ou à imaginer le tournage des « Deux frères » de J-J Anaud. Les enfants adorent le temple également, puisqu’il faut grimper, escalader et sauter de pierres en pierres pour le découvrir en profondeur.

Au retour, notre tuk-tuk emprunte une magnifique route à travers la campagne. Les chariots transportant bois, fagots de riz ou paysans sont tirés par de beaux boeufs, assez maigres et tout blancs. Dans un village, un groupe attire notre attention : des femmes sont juchées sur un énorme tas de fagots de riz, qu’elles jettent dans une machine. La machine sépare les grains de riz et le « fourrage ». Les hommes mettent le riz en sac. Nous nous arrêtons pour prendre quelques photos, mais une femme m’invite à venir les aider. Je ne peux que m’exécuter, et me voici à mon tour à balancer des fagots dans la machine, bientôt rejointe par Bruno et les enfants. L’ambiance est bonne, le travail n’est pas difficile, nous sommes donc efficaces et y prenons goût même si la paille nous pique de partout… Au bout d’une demi-heure, nous prenons congé et recevons, en guise de remerciement, une bouteille de riz…

Le 18/12, nous quittons Siem Reap et le Cambodge. Il nous reste 11 jours avant le retour en Belgique et nous avons décidé de nous octroyer de vraies vacances avant de rejoindre Bangkok. Nous avons opté pour l’île de Ko Chang, pour sa proximité avec le Cambodge, même s’il faut de nouveau 1 jour de route pour l’atteindre.

Nous trouvons deux huttes en bambou pour 500 baths (12,5 euros). A ce prix-là, c’est évidemment très sommaire, mais c’est inespéré en cette veille de fêtes. Nous passons là 5 jours à flemmarder et à nager, dans la piscine de la guesthouse et dans la mer. A faire du snorkeling également puisque nous partons en bateau explorer les fonds marins des îles voisines. Rien d’exceptionnel par rapport aux îles Gilli’s mais il y a d’énormes oursins et nous voyons un poisson-lune, qui prend la forme d’un ballon de foot quand on le touche. C’est vraiment étonnant !

Le 23, au matin, les enfants découvrent que le père Noël est passé, en la personne d’une adorable thaïlandaise qui a déposé sur leur terrasse deux beaux avions. Ils sont ravis et la remercient avec un dessin de circonstance. Il y a des (faux) sapins dans les restaurants ; sur la plage, on prépare Noël également…

24/12, nous sommes en route pour Bangkok. Il y a tout juste un an, la neige immobilisait la Belgique. Comme beaucoup, nous nous voyions contraints de réveillonner à nous 4. Au menu : ce que nous avions sous la main, des pâtes au saumon. Mais nous avons trinqué au voyage : nous venions d’obtenir le feu vert de l’école, première concrétisation de notre projet. Aujourd’hui, après les longues heures de bus, il n’y aura pas non plus de grand réveillon ; mais nous avons réservé une table dans un bon restaurant le 25, et c’est à la deuxième partie du voyage que nous porterons un toast…

En attendant le dernier article consacré à la fin de notre périple en Asie, nous vous souhaitons à tous un … JOYEUX NOEL !!!

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

F
<br /> Quel condensé d'expériences de vie vous aurez réalisé durant ces quelques mois!  J'en ai le tournis!  Mais malgré le caractère fabuleux, exceptionnel et fascinant de tout ce que vous<br /> vivez, je te comprends, Claire, quand tu expliques que tu commences à être un peu lasse.  Il n'est pas rien de vivre en nomade quand on est habitué à une sédentarité confortable et a<br /> fortiori, quand on a la responsabilité de deux enfants.  Et puis, je pense qu'à un moment, il est normal d'avoir besoin de s'arrêter, pour digérer tout ce qu'on vient de vivre, pour pouvoir<br /> assimiler toutes ces nouvelles sensations, expériences et connaissances.  Sans quoi, les choses ne prennent pas sens en nous.<br /> Quoi qu'il en soit, nous vous espérons en pleine forme et prêts à attaquer votre très long vol de retour que nous vous souhaitons facile et sans pépins.<br /> Bises et à tout bientôt,<br /> <br /> <br /> Philippe et Françoise<br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
G
<br /> 18.00 en Italie; d'après des calculs laborieux, il me semble que le jour de Noël devrait déjà être fini pour vous. Nous l'avons célébré en dînant chez Danilo et Sabine qui nous concoctent<br /> toujours des plats nouveaux. Je regrette mais il n'y avait pas de plat de riz et je ne peux apporter aucune ajoute à ce chapitre de votre carnet de recettes familial; j'en suis bien désolée,<br /> Damien...<br /> <br /> <br /> La dernière semaine en Asie va bientôt s'achever..J'imagine le contraste à l'arrivée à Amsterdam, en manches courtes...et puis peut-être aller "voir, sur ces canaux, dormir ces vaisseaux<br /> dont l'humeur est vagabonde",- et qui doivent être tellement différents des embarcations dans lesquelles vous avez navigué...Continuez à bien vous reposer et prenez bien soin de vous pour<br /> arriver en bonne forme dans notre vieille Europe!<br /> <br /> <br /> Grands bisous à tous les quatre.<br /> <br /> <br /> Tante Ghislaine  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
T
<br /> <br /> Tes calculs sont bons tante Ghislaine, nous vivons ici avec 6 heures d'avance, mais plus pour longtemps puisque nous attendons notre vol, prévu à minuit (donc 18h chez vous). Et non, nous n'irons<br /> pas voir les canaux d'Amsterdam ; en tongs et en petit pull, nous serons bien trop fatigués et frigorifiés pour apprécier... <br /> <br /> <br /> Grosses bises et déjà bon réveillon ! Si j'ai bien compris, nous devrions retrouver Sabine et Danilo chez Françoise et Philippe...<br /> <br /> <br /> Gros bisous chez toi de nous 4<br /> <br /> <br /> <br />